Un milliard de personnes en surpoids ou obèses dans le monde, et plus seulement dans le monde occidental, une restructuration alimentaire complète depuis les années 50, une augmentation constante des diabètes, des maladies cardio-vasculaires, des cancers ou encore de l’ostéoporose, une alimentation riche en graisses, en sucres, en sels… et une espérance de vie qui tend à baisser pour la première fois devant la multiplication des cas d’obésité. Les habitudes alimentaires occidentales sont très clairement mises en cause.
Depuis le début des années 50, au sortir de la seconde Guerre Mondiale et durant les Trente Glorieuses, nos habitudes alimentaires, se tournant de plus en plus vers la consommation d’aliments manufacturés et industriels, ont considérablement évolué. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et la FAO (Food and Agriculture Organisation) se penchent sans cesse sur ce problème. Les liens sont dorénavant établis entre la nutrition et nombre de maladies chroniques s’accroissant sans cesse.
Notre alimentation s’est en effet enrichie en graisses et en aliments à forte densité énergétique essentiellement centrés sur des graisses animales cependant que le modèle alimentaire occidental que nous connaissions avant-guerre était lui basé sur une alimentation fondamentalement végétale.
Cette « nouvelle donne » alimentaire tient un rôle majeur dans la recrudescence de maladies dont les origines sont essentiellement nutritionnelles : la prévalence de l’obésité, des diabètes, des cancers entre autres est de facto en augmentation.
De plus, on peut remarquer que les habitudes alimentaires occidentales, des pays dits riches, ont été exportées dans les pays les moins avancés, les pays du sud, ce qui amène un développement de ces maladies dans des pays où le suivi médical n’est pas toujours aussi pointu que dans les pays riches.
L’alimentation traditionnelle, locale, culturelle, évolue donc fortement, modifiant de fait les modes de vie et les structures économiques de ces pays puisque la consommation de viande augmente notablement, de même pour les produits dérivés animaux, les produits laitiers notamment ou encore les produits à la glycémie élevée : sodas ou glaces, les produits gras tels que les charcuteries ou les fromages. Cette consommation de produits très caloriques se fait souvent aux dépens du pain, des légumes (secs ou non), des fruits ou des céréales.
Il faut aussi tenir compte de modes de vies qui se sédentarisent toujours plus et que nous adoptons des alimentations hyper-lipidiques (de plus nous consommons à l’excès des acides gras saturés se trouvant essentiellement dans les produits animaux ), hyper-glycémiques et appauvris en fibres. Un simple constat suffit pour montrer ces évolutions alimentaires : au début du 20ème siècle, nos apports protéiniques étaient essentiellement végétaux quand ils sont aujourd’hui principalement animaux.
De plus, en ce qui concerne les pays pauvres, il ne faut pas mettre de côté les nombreuses carences affectant les habitants dès le plus jeune âge qui, corrélées à la suralimentation (en calories), ajoute encore à la prévalence des diabètes, obésités et autres maladies cardio-vasculaires découlant des obésités.
Qui plus est, l’obésité enfantine se répand de façon considérable, ce qui, à terme, fera augmenter le taux de maladies se déclarant normalement à l’âge adulte. Mais celles-ci pourraient se déclarer de plus en plus jeunes. Le taux de cancers augmente par exemple de plus de 63 % en France entre 1980 et 2000 alors que l’on sait, d’après les études menées par le Fonds Mondial de Recherche contre le cancer, que modifier ses habitudes alimentaires préviendrait près de 40 % des cancers.
L’obésité fait reculer l’espérance de vie
Une étude américaine datée de 2005 montre que l’espérance de vie va bientôt se mettre à reculer à cause de l’augmentation de l’épidémie d’obésité, et ce, pas uniquement sur le territoire américain ; il est de même en Europe.
Aux Etats-Unis, la « Framingham heart study » se montre très claire dans ses résultats : le surpoids peut faire perdre en moyenne trois ans de vie, sept pour un obèse, 14 pour un obèse fumeur…
Claude Aubert faisait ce même constat dans son livre publié en 2006 Espérance de vie, la fin des illusions : la multiplication des facteurs de risque (alimentation, sédentarité, pollution, obésité) va faire reculer l’espérance de vie dans les décennies à venir. Il faudra deux à trois générations pour que les effets du déséquilibre alimentaire se fassent clairement ressentir sur notre espérance de vie, mais la mortalité précoce serait, elle, en augmentation, toujours selon C. Aubert : « si nos habitudes alimentaires n’ont pas empêché l’espérance de vie d’augmenter, c’est parce qu’elles sont trop récentes pour avoir déjà un impact notable [...] la première génération à n’avoir connu depuis l’enfance qu’une alimentation proche de celle d’aujourd’hui, trop riche en viande, en matières grasses et en glucides rapides, est née à la fin des années 1960. Elle a aujourd’hui moins de cinquante ans et est donc trop jeune pour que les principaux effets de ces déséquilibres se traduisent déjà par une augmentation sensible de la mortalité. »
Pour encore plus asseoir ces constatations sur nos déséquilibres alimentaires, il faut également se rapprocher de pays ayant conservé leurs habitudes traditionnelles : Une partie du Japon, de la Grèce, la Corée du sud… et surtout en Corée du sud où les taux d’obésité sont beaucoup moins élevés.
De plus, face aux 900 millions de personnes dénutries ou souffrants de malnutrition, nous comptons actuellement près de 1 milliard d’obèses dans le monde enter. Soit 100 millions de plus que de personnes mal-nourries.
Difficile de qualifier ce constat tant il semble cynique.
L’Obobs milite activement pour une prise en charge totale et plurivalente de l’obésité. Ces informations montrent une fois encore que cette approche hygiéno-diététique, psychologique, sportive, sociologique et évidemment médicale, apparaît plus que jamais nécessaire.
La situation sur l’obésité est suffisamment alarmante pour que tout soit mis en place pour soigner les personnes atteintes de ces pathologies, pour réduire le taux de maladies dérivant de l’obésité et ainsi faire en sorte que l’espérance de vie à la naissance ne se voit pas amputée de nombreuses années alors que la médecine l’a fait progresser très conséquemment depuis 50 ans.
Ce hiatus ne doit plus en être un. Nous savons concrètement ce qu’il faut faire pour lutter contre l’obésité, pour améliorer notre alimentation, donc notre qualité de vie et au-delà notre durée de vie.
La prévention apparaît plus que jamais nécessaire… et la prise de conscience se doit d’être collective.
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